«Vieux cons»: une conférence de presse secoue le monde de la K-pop

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Corée du Sud«Vieux cons»: une conférence de presse secoue le monde de la K-pop

La productrice du girlsband phénomène NewJeans, Min Hee-jin, s’est livrée devant la presse sud-coréenne à un déballage de ses déboires avec l’agence HYBE, mastodonte de la K-pop, provoquant une crise inédite.

Min Hee-jin, productrice du girlsband phénomène NewJeans, lors d'une conférence de presse à Séoul le 25 avril 2024.

Min Hee-jin, productrice du girlsband phénomène NewJeans, lors d'une conférence de presse à Séoul le 25 avril 2024.

AFP

La «maman des NewJeans», PDG du label ADOR qui produit le groupe, a tenu jeudi une conférence sans filtre après avoir été sommée de démissionner par sa maison-mère HYBE. Elle est soupçonnée d’ourdir une scission de la société. Lors de cette prise de parole qualifiée de «sans précédent» par les médias sud-coréens, Mme Min a affirmé que HYBE, qui est aussi l’agence du boysband BTS, cherchait injustement à l’écarter, balayant les allégations à son encontre.

Auparavant, elle avait elle-même accusé une filiale de HYBE d’avoir copié les NewJeans pour créer un autre groupe K-pop de jeunes filles, ILLIT. «Je me sens trahie par HYBE (...), ils se sont servis de moi jusqu’à ce que je ne leur sois plus d’aucune utilité», a lancé Min Hee-jin, fréquemment prise de pleurs. La célèbre productrice a employé plusieurs fois le terme de «gaejeossi» (qui peut se traduire par «vieux con») pour insulter ses supérieurs, parmi lesquels le pape de la K-pop et patron de HYBE, Bang Si-hyuk.

Retransmise en direct

L’intervention de Mme Min a été retransmise en direct, visionnée par des millions de spectateurs, et a généré un nombre incalculable de réactions. Sur la vidéo, on peut voir les avocats de la productrice s’agiter, manifestement embarrassés par cette situation totalement inédite. Une parodie de la conférence disponible sur YouTube, dans laquelle les propos de Min Hee-jin sont calés sur un son hip-hop, a cumulé plus de 2,5 millions de vues. Le haut et la casquette de baseball qu’elle portait ce jour-là sont eux en rupture de stock sur les plateformes de vente en ligne.

Pour Lee Moon-won, critique spécialisé dans la culture, le comportement de Mme Min lui a permis de complètement faire passer au second plan les accusations contre elle. «Jamais une figure aussi influente que Min dans l’industrie du divertissement n’avait proféré des jurons lors d’une conférence de presse officielle, les gens n’avaient vraiment jamais rien vu de tel, donc cela a évidemment beaucoup attiré l’attention», a-t-il déclaré.

Une sommité du milieu

Min Hee-jin, 44 ans, a rejoint l'industrie de la K-pop au début des années 2000. Ayant travaillé avec des groupes de stars tels que Girls’ Generation, EXO et SHINee, entre autres, elle est considérée comme l’une des productrices les mieux établies en Corée du Sud.

Le girlsband NewsJeans a fait ses débuts en 2022 et a très rapidement accroché le sommet des charts mondiaux. En 2023, il a atteint le milliard d’écoutes sur Spotify plus vite que tout autre artiste ou groupe de K-pop, entrant ainsi dans le Livre Guinness des records. Malgré ce succès fulgurant, Min Hee-jin soutient que HYBE veut se débarrasser d’elle. Elle clame aussi que le PDG de HYBE ne l’a jamais félicitée pour la réussite des NewJeans.

«Incompétence et vulgarité»

Vendredi, au lendemain de la conférence de presse explosive, l’action HYBE a chuté de 4,95% à la clôture de la bourse de Séoul. L’agence a contesté les allégations de la productrice, l’appelant à démissionner au plus vite et à arrêter de parler des NewJeans. Les experts, eux, critiquent les deux parties.

Cette situation sans précédent a démontré «l’incompétence et la vulgarité» des deux camps, qui n’ont «pas hésité à se battre en public faute de résoudre seuls des problèmes internes», a fustigé le chroniqueur de K-pop Isak Choi sur X. Et même si Min Hee-jin s’est attaquée à la direction de HYBE, «cela ne signifie pas qu’elle est innocente de tous les problèmes pourris de l’industrie», a-t-il prévenu. »Elle ne peut pas jouer l’opprimée juste parce qu’elle se bat avec le management, surtout après en avoir retiré des bénéfices astronomiques».

(afp)

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