Des armes pour l’Ukraine: l’UDC divisée entre la neutralité et les affaires

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GuerreDes armes pour l’Ukraine: l’UDC divisée entre la neutralité et les affaires

Jusqu’ici, l’UDC était fermement opposée à la réexportation de matériel militaire vers l’Ukraine. Aujourd’hui certains de ses membres ont changé d’avis pour soutenir l’industrie de l’armement.

Eric Felley
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Eric Felley
Une majorité de la CPS propose que la Suisse assouplisse ses règles quant à la réexportation de matériel militaire vers l’Ukraine.

Une majorité de la CPS propose que la Suisse assouplisse ses règles quant à la réexportation de matériel militaire vers l’Ukraine.

Tamedia AG/Raphael Moser

Certains membres de l’UDC seraient-ils en train de brader la neutralité helvétique pour sauver l’industrie de l’armement? Jusqu’ici le parti s’est dit opposé à autoriser la réexportation de matériel militaire suisse vers l’Ukraine. Ses parlementaires se sont opposés à la motion et à l’initiative parlementaire adoptées par la Commission de la politique de sécurité (CPS) du National le 24 janvier dernier.

Par 14 voix contre 11, grâce au Centre et au PS, une majorité de la CPS propose que la Suisse assouplisse ses règles quant à la réexportation de matériel militaire vers l’Ukraine. Jusqu’ici, le Conseil fédéral a refusé des demandes de l’Allemagne, de l’Espagne et du Danemark en raison de la loi helvétique stricte en la matière. Les représentants de l’UDC s’y sont opposés estimant que cette autorisation viole le principe de la neutralité suisse.

Cette position unanime s’est lézardée ces derniers jours sous la pression du lobby de l’armement à Berne, qui craint que l’Allemagne, par exemple, se détourne de la Suisse pour ses achats de matériel militaire. Jeudi, le conseiller aux États Hannes Germann (UDC/SH) a donné son avis dans ce sens sur Twitter. Au sein du Conseil des États, c’est son collègue Werner Salzmann (UDC/BE), président de la Commission de la politique de sécurité de la Chambre des cantons, qui a déposé deux propositions dans ce sens pour la session de printemps du Parlement. «La Suisse, en tant que pays neutre, ne peut pas soutenir directement l’Ukraine, mais elle ne devrait être pour autant une entrave si d’autres pays veulent apporter leur aide», a-t-il déclaré dans la presse alémanique.

«Maintenir la neutralité, mais le droit du matériel de guerre dans les États amis doit être assoupli. Avec cela, nous renforçons notre industrie de l’armement et notre propre armée», écrit Hannes Germann.

Christoph Blocher pas chaud

Cette question d’autoriser ou non la réexportation d’armes vers l’Ukraine fait réagir le patriarche zurichois Christoph Blocher, qui estime que le Parlement ne peut pas changer la loi comme ça et autoriser la réexportation d’armes déjà vendues: «Un État de droit ne peut pas changer les règles du jeu avec effet rétroactif, sa crédibilité serait perdue, déclare-t-il dans «Blick». La Berne fédérale doit apprendre à s’en tenir à la loi.» Cependant il estime qu’il faudrait revoir la loi sur le matériel de guerre et supprimer cette interdiction de réexportation, dont l’UDC n’avait pas voulu à l’époque.

D’ici à la session de printemps, l’UDC devra donc faire un choix entre la neutralité, le respect de la loi en vigueur ou le soutien à l’industrie de l’armement.

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