Enquête: Les Suisses sont très méfiants face au monde politique

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EnquêteLes Suisses sont très méfiants face au monde politique

Une enquête sur l’état de la démocratie montre que la population est pessimiste sur la capacité des élus à résoudre les problèmes actuels et futurs de notre société. 

Christine Talos
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Christine Talos
De sombres nuages planent sur le ciel de la démocratie en Suisse. Près de la moitié des personnes interrogées ne croient pas que le monde politique soit capable de résoudre les grands problèmes de l'avenir.

De sombres nuages planent sur le ciel de la démocratie en Suisse. Près de la moitié des personnes interrogées ne croient pas que le monde politique soit capable de résoudre les grands problèmes de l'avenir.

20min/Matthias Spicher

Le 12 septembre 2023, la Suisse fêtera les 175 ans de sa Constitution fédérale. L’occasion de faire le point sur l’état de démocratie en Suisse du point de vue de la population. C’est ainsi que le think Tank Pro Futuris a coopéré avec gfs.bern pour publier un «Observatoire de la démocratie 2023». Résultat: de larges pans de la population se disent sceptiques sur la capacité des politiques à résoudre les problèmes actuels et futurs.

En effet, 41% des sondés se disent insatisfaits des solutions apportées par les politiques aux problèmes concrets de la société. Et ils se montrent même carrément pessimistes quand il s’agit de l’avenir. Une personne interrogée sur deux (46%) doute ainsi que la politique suisse puisse relever les défis de l’avenir d’ici à 2050, notamment en ce qui concerne la politique de santé, la prévoyance vieillesse ou le changement climatique.

Pire: les Suisses ne croient pas qu’il soit possible de trouver des solutions aux défis urgents via les processus de négociation démocratiques existants. Et seul un quart pense que notre système politique va changer de manière positive.

Populisme et influence des lobbies

Comment expliquer cette méfiance? Une majorité de citoyens citent le populisme croissant qui rend plus difficile la recherche de solution en politique; les compromis et les majorités impossibles à trouver en raison de la polarisation accrue de la politique et de la société; les riches et les lobbies qui exercent une grande influence sur la politique ou encore les médias qui ne sont pas toujours indépendants de la politique.

«La population perçoit le populisme et la polarisation comme des problèmes sérieux. Elle craint que ces évolutions ne mettent en péril la disposition au compromis et donc la viabilité de notre démocratie de concordance», résume Ivo Scherrer, codirecteur chez Pro Futuris et coauteur de l’Observatoire de la démocratie.

Bonne nouvelle quand même: 80% des sondés se disent satisfaits des possibilités de participation démocratique telles que l’initiative populaire, le référendum et le droit de vote. Et 70% approuvent les règles fondamentales du jeu politique, comme le fédéralisme ou la protection des minorités.

Des doutes chez les sympathisants de tous les partis

Quelle que soit leur couleur politique, les Suisses craignent que le populisme ne rende plus difficile voire impossible la recherche de solutions et de compromis aux problèmes de la société. L’électorat de l’UDC (70%) et du centre (64%) est particulièrement inquiet à ce sujet, selon l’enquête. Les électeurs des Verts, du PS et de l’UDC considèrent eux que les lobbyistes, les riches et l’économie exercent une influence particulièrement importante sur la démocratie. «Dans tous les partis, la plupart des personnes doutent que la démocratie soit encore en mesure de produire des solutions adéquates», résume Che Wagner, directeur du programme «Participation» chez Pro Futuris et coauteur de l’Observatoire. «Au vu des grands défis que notre société est appelée à relever, cette vision pessimiste de la population doit nous faire réfléchir.»


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