Football: FC Sion: les détails d’une soirée mémorable

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FootballFC Sion: les détails d’une soirée mémorable

Les Valaisans, la Coupe de Suisse et les belles histoires. Le trio s’est réuni jeudi pour offrir à Tourbillon une soirée de rêve et une qualification pour les demi-finales.

Florian Vaney - Sion
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Florian Vaney - Sion
Ali Kabacalman, porté par une explosion d’énergie.

Ali Kabacalman, porté par une explosion d’énergie.

Pascal Muller/freshfocus

Ça s’est terminé par une réception: celle de Timothy Fayulu à 22 h 20, lorsque le gardien de FC Sion a capté dans un soulagement général et un vacarme infernal le dernier long ballon du match, juste avant que le coup de sifflet final ne résonne.

Un peu plus de trois heures plus tôt, tout avait aussi commencé par une réception: celle organisée par les fans valaisans, venus accueillir et acclamer par centaines le car des joueurs à son arrivée au stade. Beaucoup de bruits, quelques torches et, surtout, une énergie communicative: les bases de l’exploit face à Young Boys, leader de Super League, étaient posées.

Depuis combien de temps Tourbillon n’avait-il pas vécu une soirée comme celle qui vient de lui offrir sa place en demi-finale de la Coupe de Suisse? On peut se souvenir des débuts de Mario Balotelli, et de l’immense sentiment de curiosité ayant entouré son arrivée en Valais. On peut se souvenir de certains matches hors du temps, de ces récitals sédunois qui ont si souvent servi à masquer des saisons fades. On peut, aussi, se souvenir de ces matches couperets, dont la victoire revenait quasi systématiquement au FC Sion. Jusqu’à ceux qui l’ont propulsé en Challenge League la saison dernière. Mais de tous ces souvenirs, aucun n’arrive à la cheville de ce qu’il s’est passé jeudi soir.

S’envoler les pieds sur terre

On est à l’heure de l’entrée des deux équipes sur le terrain lorsque le Gradin Nord ajoute une pierre à l’édifice, une couche de confiance à un FC Sion déjà bien bâti pour l’exploit. Le bloc de supporters valaisans présente son tifo, particulièrement travaillé. Sion, le Valais et ses cabanes sur la gauche. Young Boys, Berne et ses palais sur une partie droite qui allait symboliquement prendre feu. Comme un présage aux événements du terrain à venir.

Le tifo du Gradin Nord avant la rencontre.

Le tifo du Gradin Nord avant la rencontre.

Pascal Muller/freshfocus

Il faut que le brouillard des fumigènes s’estompe, après une dizaine de minutes de jeu, pour commencer à y voir clair: Sion joue bien à douze. Pas besoin d’occasions franches, une simple course pour mettre la pression sur le gardien adverse suffit à faire hurler la foule. Le premier corner, à la 12e, est accueilli avec une force sonore remarquable.

Au milieu de ce théâtre en effervescence, les mains de Didier Tholot sont fermement enfoncées dans ses poches. 14 000 personnes cherchent à permettre au FC Sion de s’envoler, lui s’assure que chacun de ses protégés garde bien les pieds sur terre. Même au cœur d’une soirée aussi spéciale, l’entraîneur français cultive son flegme, sa tranquillité. Lorsqu’un contre de son équipe prend forme, il l’accompagne, il court, il sprinte, il lève ses bras au ciel ou sur sa tête en fonction du résultat. Puis il reprend sa forme habituelle, observateur, mains dans les poches.

Lorsque Didier Tholot sortait les mains de ses poches, c’est qu’il y avait une raison de se réjouir pour le FC Sion.

Lorsque Didier Tholot sortait les mains de ses poches, c’est qu’il y avait une raison de se réjouir pour le FC Sion.

Pascal Muller/freshfocus

Pendant que son regard passait de l’un à l’autre de ses joueurs, le technicien s’est peut-être aperçu de la justesse des interventions de Fedayi San. Ce n’est pas rien de l’écrire, lorsqu’on se souvient des démêlés avec les arbitres ayant accompagné la relégation du FC Sion en Challenge League. Excellent dans sa ligne, courageux dans ses décisions, clair dans ses gestes, l’arbitre de la soirée s’est parfaitement inscrit dans le contexte bouillant de la rencontre.

Le costume grenat de Barthélémy Constantin

Les Valaisans s’en rappelleront peut-être: quelques secondes avant le 1-0 d’Ilyas Chouaref, 70 mètres plus bas sur le terrain, le coup de sifflet de M. San retentit. La facilité aurait pu le pousser à siffler une faute à l’avantage de Cedric Itten. Le directeur de jeu y voit plutôt une entourloupe de l’attaquant bernois, préférant donner coup franc pour Sion. Trois passes et dix secondes plus tard, les Sédunois avaient effectué un pas de plus vers l’exploit.

Dans ce Tourbillon quasi plein à craquer (seules quelques places sont restées désertes), certains spectateurs ont pris place en dessous du Gradin Nord. Ils doivent s’écarter à la demi-heure, lorsqu’une nouvelle salve de torches illumine la tribune juste au-dessus de leur tête. Un tiers du job est fait sur le terrain.

Peu avant la mi-temps, Barthélémy Constantin se rend bien compte que la route est encore longue. Il se lève du banc pour réclamer une touche, en vain. L’occasion de s’apercevoir que le directeur sportif est habillé d’un costume grenat. Pour mieux s’inspirer de la victoire du Servette FC face à ce même Young Boys en championnat quatre jours plus tôt?

Barthélémy Constantin et son costume grenat.

Barthélémy Constantin et son costume grenat.

Pascal Muller/freshfocus

À en juger par les sièges vides à la reprise, les buvettes semblent avoir souffert durant la mi-temps. Cela appartient à la rançon de la gloire. Le fait est que le vacarme baisse d’un ton en début de seconde mi-temps. YB a bien failli égaliser, l’enjeu commence à peser sur les épaules, le stade se tend. Les joueurs valaisans, eux, ne dévient pas une seconde de leur état de concentration.

Ce FC Sion est-il celui que les Valaisans ont l’habitude de retrouver chaque week-end en Challenge League? Pas tout à fait. Mais à l’heure de jeu, le schéma qui les fait chavirer a un goût de déjà-vu. C’est le touché de balle de Reto Ziegler sur balles arrêtées qui a mené Sion sur la bonne voie en championnat cette saison. Comme un écho, c’est le même touché de balle du même homme qui a permis de déposer un coup franc à l’endroit idéal. Une tête de Joël Schmied et une reprise victorieuse de Dejan Sorgic plus tard, l’affaire est réglée. 2-0.

La fin du match appartient au storytelling qui relie le FC Sion à la Coupe de Suisse. La réduction du score du leader de Super League, le poteau qui le prive d’égalisation dans les arrêts de jeu, le bonheur pluriel du coup de sifflet final et même, quelques minutes plus tard, le coup de pouce du tirage au sort. L’adversaire n’avait pas grande importance (ce sera Lugano). Tout ce qui compte: la demi-finale se jouera à Tourbillon.

Les Valaisans auront l’occasion de remettre ça fin avril, en demi-finale contre Lugano.

Les Valaisans auront l’occasion de remettre ça fin avril, en demi-finale contre Lugano.

Pascal Muller/freshfocus

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