Guerre en Ukraine«La Suisse cofinance la guerre de Poutine»
Pour Aline Trede, la cheffe des Verts au parlement, les débats sur les réexportations de munitions sont inutiles.
- par
- R.M.
Pour Aline Trede, c’est sur le commerce des matières première que la Suisse pourrait réellement jouer un rôle décisif.
Pour la patronne du groupe des Verts au parlement fédéral, la Suisse fait tout faux au sujet de l’Ukraine. On ne cesse de débattre de la réexportation de munitions alors que ça n’a aucune importance, dit Aline Trede. Et en n’agissant pas où il le faudrait, on finance même la guerre de Vladimir Poutine, selon elle.
«Nous ne parlons que de livraisons d’armes au lieu d’analyser exactement où la Suisse peut faire le plus pour l’Ukraine», explique la conseillère nationale bernoise dans une interview au «Tages-Anzeiger». Et de trancher: «L’Ukraine ne gagnera pas une bataille avec quelques armes suisses.»
Aline Trede estime aussi que livrer quelques armes mettrait fin à la neutralité militaire de la Suisse, et donc à la possibilité de bons offices. Et, «si la Russie empêche la Croix-Rouge, qui surveille le traitement des prisonniers de guerre, de travailler parce que nous avons libéré des armes, la vie des Ukrainiens serait directement mise en danger», argumente-t-elle.
«Faire la différence»
Pour l’élue, c’est du côté des flux financiers que la Suisse devrait agir. «80% du commerce des matières premières de la Russie passe par notre pays, sans contrôle ni autorisation. Nous cofinançons toujours quotidiennement la guerre de Poutine. Il faut arrêter ça, la Suisse est une grande puissance influente dans ces domaines», souligne-t-elle. Et d’ajouter que «la Suisse ne gèle pas de manière décisive les fonds des oligarques».
«Faisons preuve de solidarité là où nous pouvons vraiment faire la différence, là où nous aidons à financer la guerre de Poutine avec des millions», résume-t-elle.