Football: Au FC Sion, les superstitions de la Coupe

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FootballAu FC Sion, les superstitions de la Coupe

Avant de découdre avec Lugano samedi en demi-finale, les Valaisans recentrent leurs pensées au bord du même golf qu’avant l’exploit face à YB. Et s’imprègnent du mythe.

Florian Vaney La Souste
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Florian Vaney La Souste
Trois Valaisans sur cette photo ont déjà soulevé la Coupe de Suisse.

Trois Valaisans sur cette photo ont déjà soulevé la Coupe de Suisse.

Urs Lindt/freshfocus

Devant, le Rhône traçant son chemin le long de l’autoroute. Derrière, un 18 trous sur lequel certains iront peut-être chercher calme et apaisement. Tout autour, le genre de zone industrielle qui n’abrite habituellement pas d’hôtel quatre étoiles. Habituellement n’est pas FC Sion. Vendredi matin, les Valaisans se sont installés dans un charmant établissement de la Souste. Leur logement pour 36 heures de mise au vert avant la très attendue demi-finale de Coupe de Suisse. «Un lieu de zénitude, avant l’ébullition qui nous attend à Tourbillon», a imagé l’entraîneur Didier Tholot. Surtout: le même lieu qu’avant le dernier coup d’éclat du FC Sion.

L’histoire entre le club sédunois et la Coupe de Suisse ne répond pas exactement aux lois de la logique. Alors, près de 60 ans après un premier sacre qui fera douze petits, elle continue de s’alimenter en partie à coups de concepts plus ou moins flous et artistiques. La superstition en est un. Il y a deux mois, avant d’éliminer Young Boys en quart de finale, Sion s’était offert une rupture avec son quotidien en se rendant justement à La Souste. Didier Tholot disait alors «ne pas raffoler de ce genre de mise au vert». On s’y fait sans doute plus facilement lorsqu’elles se ponctuent d’un exploit.

Invoquer des souvenirs agréables

Les Sédunois auraient même pu pousser le vice jusqu’à assigner à chaque joueur la même chambre qui leur avait été réservée en février. La distribution générale étant du ressort de l’établissement, le FC Sion n’en est pas allé jusque-là. Reste qu’il faut l’imaginer avoir mis sur pied un programme qui s’éloigne un minimum de celui de sa première visite. «Peut-être que le président parlera un peu, oui», a soufflé l’entraîneur valaisan, en référence aux discours que Christian Constantin affectionne tant lorsqu’il s’agit de remonter ses joueurs avant un événement important.

L’irrationnel tient un rôle d’envergure dans ce qui lie Sion à la Coupe. Ce parfum agréablement étrange qui a poussé 15 000 Valaisans à s’arracher les tickets de la demi-finale pour en faire une affiche pas loin de pouvoir devenir historique. Mais tout n’est pas mystique quand on parle de superstition. «Revenir dans le même hôtel qu’avant Young Boys participe à faire remonter des images, des souvenirs sympas dans notre subconscient, note Didier Tholot. C’est une sensation agréable. Au fond, on fonctionne de la même manière dans la vie. On aime retourner dans des endroits qu’on apprécie, avec des gens qu’on apprécie.»

Chaussette gauche puis chaussette droite

À la veille du grand rendez-vous, le visage de l’entraîneur français est ouvert, lumineux. «On a profité du début de semaine pour chasser la frustration de la défaite à Thoune», détaille-t-il, quatre jours après avoir vu la course pour la promotion en Super League se relancer. «Il ne m’est pas venu à l’esprit de parler de la Coupe à mes joueurs avant le duel contre Thoune. Alors je ne me vois pas parler de championnat là, tout de suite.»

La méthode convient à merveille en Valais, où la Coupe et le championnat ont toujours valu comme deux entités bien distinctes. Samedi soir, le peuple valaisan cherchera à s’oublier sur le chemin de sa quête préférée. Certains emporteront avec eux au stade leur porte-bonheur, d’autres s’assiéront en tribune à leur place fétiche, d’autres encore préféreront peut-être se couper de toute image du match de peur de porter la poisse à leur équipe.

«J’ai bien quelques habitudes superstitieuses aussi, mais rien de trop folklorique», sourit Numa Lavanchy. Un avant-goût de ce qui attend le latéral du FC Sion samedi soir? «J’enfile toujours ma chaussette gauche avant la droite.» Si vous vous posez la question en sortant de votre douche tout à l’heure, faites-en de même. On ne sait jamais…

Le tifo du Gradin Nord avant l’exploit face à Young Boys en quart de finale.

Le tifo du Gradin Nord avant l’exploit face à Young Boys en quart de finale.

Pascal Muller/freshfocus

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